DÉMARCHE ARTISTIQUE
Dans un monde où l’esthétique dominante célèbre le minimalisme, la sobriété et le « less is more » comme seul horizon du bon goût, mon travail affirme une autre voie : celle du more is more.
Je revendique la couleur saturée, l’accumulation joyeuse, l’ornementation généreuse. Non pas comme décoration naïve, mais comme acte de résistance contre une certaine tyrannie du sobre qui confond souvent austérité et sophistication.
L’intelligence artificielle devient ici complice de cette célébration. En explorant son espace latent, cet inconscient algorithmique nourri des images du monde entier, je génère des architectures hybrides, des paysages impossibles où se mêlent librement les références culturelles. Des maisons turquoise qui pourraient être à Burano, Mexico ou Chefchaouen. Des escaliers qui évoquent autant Lisbonne que Guanajuato. Des intérieurs qui fusionnent l’Art nouveau européen et l’artisanat indien.
Ce syncrétisme visuel n’est pas confusion, c’est affirmation de la diversité esthétique. Dans ces images-mondes, toutes les cultures du pittoresque coexistent, libérées de la géographie et des hiérarchies du goût occidental. L’IA me permet de court-circuiter les frontières : dans l’espace latent, Marrakech rencontre Kyoto, Valparaiso dialogue avec Naples.
Mon travail s’adresse à ceux que l’on accuse de « trop » : trop de couleur, trop de décorations, trop de vie sur les murs. À ceux dont les intérieurs débordent, dont les jardins explosent, dont les vêtements chantent. À ceux qui refusent le gris comme horizon obligatoire de la maturité et du sérieux.
Le maximalisme joyeux n’est pas légèreté, c’est courage. Dans un monde qui nous somme d’être discrets, mesurés, « de bon goût », chaque couleur vive devient manifeste. Chaque image surchargée est une respiration profonde, un espace d’hospitalité visuelle où tout le monde est invité.
Ces images ne sont pas des refuges nostalgiques, mais des propositions d’habitabilité joyeuse. Des utopies concrètes où personne n’aurait honte de peindre sa porte en rose fuchsia, où s’accumulent les objets aimés, où la vie déborde sans complexe. Elles ne représentent pas un monde qui fut, mais un monde qui pourrait être : plus coloré, plus généreux, plus vivant.
Si ce travail est kitsch, alors assumons le kitsch comme refus de l’élitisme esthétique. Si ces images sont « too much », alors célébrons le trop contre le pas assez. Il y a dans ce maximalisme une forme de générosité que le minimalisme, dans sa quête de pureté, a parfois oublié d’offrir.
Créer avec l’IA, c’est fouiller dans la mémoire numérique du monde, une archive infinie de formes, de couleurs, de désirs collectifs. C’est pratiquer ce que j’appelle une « archéologie du latent » : exhumer des fragments de mondes possibles, des paysages d’un futur antérieur, des architectures qui semblent avoir toujours existé quelque part, dans l’imaginaire partagé de l’humanité.
Mes images posent une question simple : Qui décide que le bon goût passe par l’épure ? Cette interrogation n’est pas anodine, elle touche aux rapports de pouvoir, aux hiérarchies culturelles, au droit de chacun d’habiter visuellement le monde à sa façon.
Regarder ces images, c’est accepter l’excès comme posture esthétique et politique. C’est reconnaître que la beauté n’a pas besoin de se faire discrète pour être légitime. C’est célébrer la diversité des expressions visuelles contre l’uniformisation du goût.
Plus qu’un style, c’est une invitation à revendiquer notre droit à l’excès assumé et à la joie qu’il contient.
BIOGRAPHIE
Né à la fin des années 60 en Belgique, j’ai passé trois décennies à composer avec les images, d’abord comme graphiste, puis comme photographe de studio et d’architecture. Cette formation classique m’a appris la technique, la lumière, la composition.
Depuis plus de dix ans, je suis responsable communication dans une ASBL d’insertion socio-professionnelle à Liège, une petite ville d’un petit pays. Ces dix années m’ont ouvert aux réalités diverses : des trajectoires fracturées, des vies qu’on juge « pas assez conformes » pour avoir leur place.
Cette proximité avec l’exclusion a profondément marqué ma manière de voir le monde et de créer.
Depuis 2022, l’intelligence artificielle est devenue pour moi un espace de libération créative. Elle me permet de construire visuellement ce que je défends par conviction : des mondes où chacun aurait sa place, sans avoir à se faire petit, sans avoir à rentrer dans les cases.
Je travaille aujourd’hui à la croisée de la photographie, du graphisme et de l’IA générative, explorant ce que j’appelle le maximalisme joyeux : une esthétique de l’accumulation, de la couleur assumée, de la diversité revendiquée.
Mes images ne sont pas nées dans le vide. Elles portent en elles une question que mon environnement professionnel me pose quotidiennement : qui décide de ce qui est légitime ? Qui a le droit d’exister pleinement sans s’excuser ?
Dans mon travail artistique, je réponds en créant des espaces visuels où personne n’aurait besoin de discrétion pour être légitime.
Mon travail a trouvé une audience inattendue sur Instagram (@thierrylechanteur), où plus de 375 000 personnes suivent mes explorations visuelles. Cette communauté confirme ce que j’observe dans mon environnement professionnel : il existe une immense soif pour des images qui ne demandent pas à se faire petites, qui assument leur excès, leur couleur, leur différence.
Mes images sont des espaces totalement libres des codes de la « bienséance professionnelle » : des lieux où l’excès n’est plus un défaut, où personne n’est « trop » de quelque chose.
Qu’elles soient capturées ou générées, je vous invite à considérer ces images comme des propositions de mondes plus hospitaliers – où la différence serait célébrée, pas tolérée. Où personne n’aurait honte d’être pleinement visible.
L’exclusion m’a appris une chose : les normes du « bon goût », du « professionnel », du « sobre » ne sont jamais neutres. Elles sont toujours des outils de tri social.
Mes images sont ma manière de dire : et si on essayait autre chose ?
Revue de presse – Intelligence Artificielle
Artcile dans Medium Mag : https://medium.com/@jesper.nordstrom/enter-the-fabulous-world-of-thierry-lechanteur-508f5bf07cb9














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